Dans une précédente chronique, nous évoquions les avantages de l’autoconsommation pour les prosumers, qu’ils bénéficient ou non de la compensation. Un lecteur nous écrit, s’étonnant que nous citions le compteur « intelligent » pour les prosumers qui bénéficient de la compensation. Or la compensation ne se limite pas à une histoire de roulette qui tourne à l’envers…
Les ménages prosumers qui sont dans « l’ancien régime » de la compensation, dit « du compteur qui tourne à l’envers », profiteront jusqu’en 2030 d’un système qui décompte les kWh qu’ils injectent au même prix que celui auquel ils prélèvent du réseau : environ 0,38 €/kWh. Avec un compteur électromécanique classique, ce décompte se fait sur place : quand le client injecte l’électricité, la roulette tourne à l’envers et l’index diminue.
Avec un compteur électronique (dit « intelligent » ou « communicant » – voir plus loin), ce n’est pas possible car aucune pièce en mouvement ne peut tourner à l’envers. La compensation reste possible car ce compteur compte séparément les kWh prélevés et ceux injectés. Et cela devient juste une opération comptable : au moment de la facturation, le fournisseur déduit les kWh injectés des kWh prélevés. Une simple soustraction.
Sur le plan financier, les prosumers « compensation » avec ancien ou nouveau compteur sont donc exactement dans la même situation.
Ce n’est pas la même chanson pour les prosumers qui ne bénéficient pas de la compensation : les kWh qu’ils injectent sont décomptés de leur facture à environ 0,03 ou 0,04 €, environ 10 fois moins. Ces clients doivent forcément avoir un nouveau compteur, le seul capable de compter séparément injection et prélèvement. Ce système est moins avantageux pour eux, en revanche ils ne paient pas les suppléments de facture qui touchent les clients compensation, notamment le « tarif prosumer ». Tous les clients prosumers passeront à ce régime le 1/1/2031 puisque la compensation sera supprimée… et tous ceux qui ont encore un ancien compteur en auront nécessairement reçu un nouveau à cette date.
Et ce compteur « intelligent » ?
Il n’est pas plus « intelligent » que l’ancien compteur n’était « bête ». Simplement il est doté de fonctions supplémentaires que l’ancien compteur n’avait pas : notamment compter séparément les kWh injectés et ceux prélevés ; il peut aussi communiquer lui-même son index à ORES, RESA et autres distributeurs. Plus besoin de le faire vous-même une fois l’an ou de le faire contrôler par le personnel du distributeur. Le compteur électronique « intelligent » et communicant peut même relever son index tous les quarts d’heure, ce qui sera utile quand nous serons soumis à la future tarification incitative… mais c’est une autre histoire, sur laquelle nous reviendrons à coup sûr en 2026 !