Passons à une énergie positive
Emission de Radio Impact du 26.5.2023
Interview avec Patrick Bartholomé
Choisir le lieu où implanter les 5 machines du futur parc éolien de Malmedy ne se limite pas à rechercher les meilleures conditions de vent : il s’agit aussi d’intégrer les éoliennes à la structure du paysage local. Et pour cela, 3 grands principes :
Les éoliennes s’implanteront entre l’autoroute A27/E42 et le circuit automobile : c’est le 1er principe, celui de regroupement regrouper au moins 5 machines et les rapprocher des infrastructures existantes.
Le 2e principe impose de limiter la covisibilité, c’est-à-dire d’éviter une impression d’encerclement par un horizon saturé d’éoliennes. L’étude d’incidences doit vérifier que dans chaque village, sur une distance de 4 km, on ne puisse voir aucune éolienne dans un angle visuel horizontal de 130°. Autrement dit, pas d’éolienne proche sur plus d’un tiers de l’horizon autour de soi. Pour le projet de Malmedy, l’ensemble des parcs autorisés ou en projet ont été étudiés dans un rayon de 18,9 km. Aucun encerclement visuel réel n’est à craindre au niveau des zones d’habitat.
Selon la définition du 3e principe, celui de cohérence paysagère, la disposition et l’agencement des parcs éoliens doit mettre en valeur les caractéristiques du paysage et souligner ses lignes de force, c’est-à-dire « les lignes d’origine naturelle ou artificielle mettant en évidence la structure générale du paysage et servant de guide pour le regard ». À Malmedy, les éoliennes s’implanteront sur la ligne de crête surmontant le versant de vallée de l’Eau Rouge qui forme une ligne de force primaire dans le paysage.
Les autorités wallonnes ont imposé ces principes en lien avec l’adoption de la Convention européenne du paysage de Florence, premier instrument européen consacré à la gestion et à la protection des paysages.
Sensible question des éoliennes en forêt…
L’idée peut sembler choquante, voire sacrilège. Un espace perçu comme sauvage semble ainsi violé. Et pourtant la réalité est toute autre : aucune zone protégée ne peut être utilisée pour implanter une éolienne. Seules des plantations d’épicéas, qui ne sont rien d’autre que des monocultures industrielles sans valeur biologique particulière, sont ainsi exploitées. C’est aussi le cas à Bernister. Et encore la déforestation permanente est-elle très limitée : 0,4 ha par éolienne, soit 0,04 % de la surface boisée de la commune. Le reboisement des zones défrichées pendant les travaux (7,5 ha) sera effectué avec des essences mieux adaptées que l’épicéa au nouvelles conditions climatiques.
En Allemagne, pays dont on connaît la motivation pour la protection de l’environnement, plus de 2 100 éoliennes en forêt sont déjà en service, sans plus susciter d’émotion. En Belgique, Malmedy connaîtrait le 2e parc belge de ce type. L’implantation forestière comporte des avantages spécifiques comme celui d’éloigner les machines des habitations et d’épargner d’autres zones.
Impacts sur la faune et la flore limité
Parmi de nombreuses autres observations, 72 espèces d’oiseaux ont été observées dans un périmètre de 2,5 km (mais 37 espèces dans un périmètre de 500 m), et au moins 13 espèces de chauve-souris sur le site. Le Milan royal, la Cigogne noire et 3 espèces de chauve-souris (dont le Grand Murin) réclament le plus de précautions. Des mesures d’atténuation (allant jusqu’à l’arrêt automatique des éoliennes) et de compensation ont été déterminées par l’étude d’incidences, à consulter dans votre maison communale jusqu’au 15 juin. Ces mesures portent sur la fauche séquentielle et l’aménagement de zones non attractives en dessous des éoliennes pour le Milan, le creusement de mares pour la Cigogne noire, le placement de nichoirs de chauves-souris, le suivi des populations, l’évitement de tout interstice sur les éoliennes, le calendrier des travaux hors périodes de nidification, la restauration des talus en l’état initial en faveur des espèces végétales, etc.
Le paysage, un patrimoine culturel comme un autre
C’est vrai en particulier dans notre belle région. À ce titre, le paysage mérite d’être protégé et transmis à nos descendants car il participe à la qualité de la vie. Les éoliennes peuvent y être bien ou mal perçues : signe paisible et temporaire (une éolienne et sa base sont démantelées après 20 ou 25 ans) d’un monde nouveau ? Ou gifle dans le décor naturel ? L’appréciation de chacun est respectable et légitime. Chacun est libre de son opinion, et libre d’en changer après réflexion… et complète information.
L’équipe Courant d’Air.
- Retrouvez plus de détails dans la brochure de 12 pages distribuée depuis le 15 mai dans toutes les boîtes aux lettres de Malmedy et villages avoisinants.
- Lisez « Oiseaux, chauves-souris et éoliennes font-ils bon ménage ? » sur https://www.renouvelle.be/fr/oiseaux-chauves-souris-et-eoliennes-font-ils-bon-menage/
Légende image
Une éolienne comme celles projetées à Malmedy épargnera entre 2 240 tonnes et 2 670 tonnes équivalent-CO2 par an. En comparaison, la forêt wallonne en absorbe en moyenne 5 tonnes sur la surface déboisée pour une seule éolienne. De plus, pour le parc de Malmedy, le déboisement « permanent » représente une part infime de la forêt présente sur la commune.